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DIPLOMATIE FRANCE


24 novembre 2004

Thierry Burkard

La France au devant de la sçène donner

un coup de main à ses créatures en difficulté

 

"Depuis le début de la longue crise haïtienne qui n'est qu'une longue bataille d'entités nationales et internationales pour imposer des créatures illégitimes de l'étranger à l'électorat haïtien, le jeu de la France consiste à torpiller toute tentative internationale visant à réconcilier les Haïtiens. Pour cela tous les coups bas sont permis, y compris la vieille pratique consistant à sortir, au moment opportun, ce qu'on appelle en France" "des dossiers"(S.S.).

Admirez cette manoeuvre pour manipuler la Justice américaine!

Il est temps que les États-Unis sortent leurs dossiers sur les affaires de drogue en Haïti, estime l’ambassadeur de France en Haïti, Thierry Burkard, pour qui tout dialogue avec le président déchu Jean Bertrand Aristide est exclu. « Dans le domaine de la drogue, nous devons beaucoup attendre d’un pays ami, les États-Unis, qui ont des dossiers sur le sujet. Il est temps qu’ils les sortent », a-t-il dit dans un entretien diffusé lundi soir par Radio Vision 2000.

Depuis la chute fin février d’Aristide, les États-Unis multiplient les enquêtes sur des trafics de drogue présumés impliquant d’ex-hauts fonctionnaires. Cinq d’entre eux sont détenus en Floride dans l’attente d’inculpations ou de jugements. Les responsables américains refusent de dire si Aristide pourrait être concerné par les enquêtes, comme l’a suggéré un journal de Miami.

« Nous avons dit aux États-Unis que l’horizon étant dégagé après l’élection présidentielle » américaine, a ajouté l’ambassadeur français. « Il est temps de se repencher de façon rapide, concrète, efficace, sur les dossiers de drogue en Haïti et sur d’autres dossiers de malversations financières qui pourraient être connus des autorités américaines ».

Le diplomate a estimé que les narcotrafiquants ont intérêt à « voir la violence se maintenir dans le pays parce qu’ils ont besoin d’un État de non-droit pour mener leur trafic ». Thierry Burkard a aussi souligné que, même exilé en Afrique du Sud, Jean Bertrand Aristide conserve « une capacité de nuisance » et qu’il ne faut pas qu’elle se transforme « en capacité politique ». Il a exclu tout dialogue avec l’ancien président.

En fait un pays comme la France qui a étalé son irresponsabilité en Haïti en renversant l'ordre constitutionnel par pure arrogance, pour ouvrir la voie à l'anarchie sanglante que nous vivons actuellement, aura beaucoup de mal à reconnaitre ses erreurs.

Elle se livrera à toutes sortes d'extravagances, jusqu'à ce qu'elle soit arrêtée, soit par la lutte du peuple haïtien, soit par un sursaut de vertu de la communauté internationale.


 

Francis SAINT-HUBERT conteste

la prétention de Gérard LATORTUE

d'abandonner la demande haïtienne de restitution

de l'indemnité de l'indépendance extorquée par la France

 

 

Monsieur Gérard Latortue Premier Ministre de la République d'Haïti

Port-au-Prince, ce mercredi 28 avril 2004

 

Monsieur le Premier Ministre,

J'ai appris avec étonnement votre décision "d'abandonner la réclamation de la dette de la restitution à la France". D'après Le Nouvelliste du mardi 20 avril 2004, vous soutenez que cette demande, initiée selon vous pour des raisons "politiques", est "illégale et ridicule". Je voudrais ici exprimer mon désaccord, avec tout le respect que je vous dois, et expliquer pourquoi.

Mon dictionnaire (Le Robert) définit ainsi l'adjectif illégal : "qui est contraire à la loi". Monsieur le Premier Ministre, vous rendrez certes un immense service à la Nation en lui indiquant à quelle loi spécifique, nationale ou internationale, contrevient la demande de restitution.

Vous épargneriez ainsi de faux espoirs à des millions de vos concitoyens, dont votre humble serviteur, et des efforts aux futurs gouvernements haïtiens. Privés de cette information, ils persisteront naïvement à oeuvrer sous la notion, erronée selon leur plus haut dirigeant, que la demande d'une restitution de l'indemnité est non seulement légale mais éminemment juste. Bien plus, cette revendication représente à leurs yeux une des rares planches de salut pour la Nation.

En faisant connaître vos vues plus tôt, vous eûtes aussi épargné des milliers d'heures de travail à des experts haïtiens et étrangers (dont trois doyens des plus grandes facultés de droit international au monde et un d'une de sciences économiques) qui ont à ma demande gracieusement pris le temps d'examiner la réclamation haïtienne. Leur conclusion unanime, exprimée dans des mémorandums, qu'elle repose sur de solides bases juridiques contraste de front avec l'assertion qu'elle n'est même pas légale.

On peut en outre noter, que jusqu'à présent l'argument non-officiel de la France, exprimé à moi personnellement par Monsieur Régis Debray et repris dans son rapport de janvier dernier sur Haïti à son Ministre des affaires étrangères (alors Monsieur Dominique de Villepin), ne conteste pas la légalité, ni même la légitimité, de la démarche haïtienne. Celle-ci ne violerait donc pas une loi internationale.

Plutôt, le gouvernement français dans toute sa gentillesse et générosité, voudrait nous avertir que la réclamation haïtienne n'a pas de fondement juridique. Comme j'ai alors répondu à Monsieur Debray, et que je me permettrai de signaler ici, nul ne peut se substituer à un panel de magistrats d'une instance internationale, et préjuger un cas pour lequel n'existe aucune jurisprudence.

En effet, aucun pays au monde, sauf Haïti (ni les Etats-Unis, ni le Mexique, ni la Colombie, ni même, plus près de nous, l'Algérie ou le Vietnam), n'a été contraint de payer la reconnaissance de son indépendance et d'éviter par une dette paralysante le retour forcé de ses citoyens à l'horreur de l'esclavage.

Donc aucune colonie au monde n'eut à réclamer une juste restitution de son ancienne métropole. Il n'y a pas de précédence à la demande haïtienne et, ici aujourd'hui comme ailleurs jadis, notre pays doit innover. Son cas doit faire jurisprudence et n'est pas subordonné à une préexistante.

Aucun expert, des deux cotés du dossier, ne saurait donc intelligemment prédire le verdict d'un tribunal. Je ne vous apprendrai certes pas que "ridicule" est un mot subjectif. Sans critères bien définis, ce qui l'est pour quelqu'un peut bien sembler intelligent à un autre.

L'analyse de leur réaction, que bien sûr ils voudront indépendante de la demande de restitution et jusqu'à présent non-officielle, nous permettra néanmoins de nous faire une idée du sérieux ou du ridicule avec lequel les dirigeants de l'Hexagone abordent ce dossier.

La réponse est pour le moins suspecte et certainement disproportionnée par rapport à un stimulus qu'ils auraient pu simplement ignorer, si vraiment ils l'estimaient à ce point ridicule. Notons :

1. Dans le mois qui a suivi l'annonce de la demande de restitution, le gouvernement français a hâtivement nommé une commission (dite de Régis Debray) pour examiner les relations franco-haïtiennes. Comme par hasard, elle comprend Monsieur François Blancpain, un expert sur l'indemnité haïtienne.

2. Le rapport d'une centaine de pages de cette commission, en consacre une trentaine directement à la restitution, un sujet qu'officiellement elle ne devait même pas mentionner.

3. La France paraît s'indigner de la situation en Haïti au point de financer l'opposition presque ouvertement, à travers l'Union Européenne.

4. Monsieur Dominique de Villepin, le Ministre français des affaires étrangères, réclame le premier le départ du Président haïtien "pour le bien de son pays".

5. Pour la première fois depuis 1804, des soldats français débarquent en Haïti, pour le maintien de l'ordre.

6. Egalement une première, la France nous annonce la venue de son plus haut gradé en deux cents ans, M de Villepin lui-même, (un remaniement ministériel l'en empêchera).

7. Le Ministre français des forces armées, Mme Michèle Alliot-Marie, nous arrive promptement de Paris, dona ferrens.

8. Le nouveau Ministre français des affaires étrangères, M Michel Barnier, n'entend pas rester sur la touche. Lui aussi veut jouer au Père Noël au printemps, à Port-au-Prince. Il annonce sa visite pour bientôt.

Mais quoi donc, peut-on humblement demander, nous a valu tant d'honneur et en si peu de temps ? Toutatis a-t-il finalement changé le cœur des Français qu'ils se mettent soudainement à aimer ces "pauvres petits Haitiens", fils de leurs anciens esclaves, qui depuis deux cents ans croupissent dans la misère ?

Plus probablement, le gouvernement français a réagi à ce qu'il perçoit, sans vouloir l'avouer publiquement, comme une revendication sérieuse, non seulement embarrassante mais potentiellement très coûteuse, supportée par d'irréfutables faits historiques et, de l'avis de beaucoup, des bases juridiques solides.

Il s'agit en fait, et en surcroît des dommages inestimables causés par l'esclavage lui-même, d'une injustice tout à fait chiffrable en valeur monétaire de son temps, qu'on peut ramener par des méthodes de calculs reconnus en sciences économiques, à une valeur réelle, d'aujourd'hui.

[En tant qu'économiste, Monsieur le Premier Ministre, vous savez certainement que la valeur actuelle d'un investissement dépend de deux facteurs : le taux d'intérêt et le temps considérés. A lui seul et à 5% d'intérêt, l'investissement du premier versement de 5 millions de dollars, payé à la France en décembre 1825, rapporterait à Haïti en 2004 (soit 179 ans plus tard) plus de 30 milliards de dollars US !Cette valeur est donc moins "onirique" que pense M Debray.]

Pourrais-je aussi vous faire remarquer, encore une fois avec tout le respect qu'un humble citoyen vous doit, que toute évaluation des mérites de la démarche haïtienne devait s'adresser au dossier lui-même et non à celui qui le premier l'a soumis à la Nation. Tout procès d'intention est suspect qui tend à dévier l'attention du proposé au proposant et ne renseigne guère sur les mérites du sujet per se.

Dessalines par exemple pourrait bien avoir eu d'autres motifs, et de très personnels, pour rejoindre l'armée de Toussaint, que la création d'un Etat indépendant, ce par quoi en définitive l'histoire le juge. En plus, les procès d'intention subissent le plus souvent, en cours de route, un puissant effet de boomerang : ils reviennent à l'envoyeur et parfois avec plus de force.

On peut déjà observer qu'un dirigeant haïtien a initié la demande de restitution peut-être bien pour "ses raisons politiques", et qu'un autre l'a abandonnée pour les siennes (assez remarquablement à la veille d'un voyage pour la France), sans se donner, en toute apparence, la peine d'examiner au préalable ses mérites intrinsèques. Ce dernier s'expose en réalité à une condamnation bien plus sévère de l'histoire que celui qui a accepté la dette initialement (Boyer).

Au demeurant, Monsieur le Premier Ministre, il appert que la démarche haïtienne en vue d'obtenir une juste restitution de cette odieuse indemnité, n'enfreint aucune loi et que donc sa "légalité" n'est pas en question. La posture française, tour à tour hautaine, menaçante et condescendante, était tout à fait prévisible et atteste plutôt du sérieux de la revendication.

On peut aussi raisonner que le dossier de la restitution n'appartient pas à un parti ou, encore moins, à un homme avec des motivations politiques, mais à Haïti et au peuple haïtien et qu'il devait être apprécié et traité comme tel, certainement avec moins de légèreté à ce moment critique de notre histoire.

Peut-être après tout, que nous aurions dû profiter de l'occasion pour offrir aux Français qui se veulent aujourd'hui nos amis, l'opportunité de réparer la plus grande injustice chiffrable en valeur monétaire de leur passé colonial.

Un apport technologique massif, bien au delà de l'aide qu'ils nous offrent, serait un bon début. Il s'inscrit en fait dans la lignée de la "relation spéciale" dont parle Monsieur Debray, mais une basée sur la justice et le respect mutuel et non cette attitude insultante de qui nous voudrait encore vingt ans d'occupation.

Notre dicton dit bien : bon regleman pa gate zanmi.

Recevez, Monsieur le Premier Ministre, mes plus respectueuses salutations.

Francis Saint-Hubert, MD, MPH

Fjs25@columbia.edu


 

12 janvier 2004

 

Un Ministre français préconise aussi le dialogue

entre les Haïtiens

Le Président Chirac

 

Pierre André Wiltzer. le ministre français délégué à la Coopération et à la Francophonie, a déclaré le mercredi 7 janvier en cours devant les députés:

"La situation (en Haïti) est très préoccupante, et la France n’est pas et ne peut pas être indifférente";

"Nous encourageons les forces en présence c’est-à-dire le gouvernement haïtien du président Aristide, les partis d’opposition et la société civile à accepter un dialogue politique, soit directement, soit en acceptant des médiations comme celles que les églises ont proposées. Ce dialogue peut seul ramener la paix civile et définir un calendrier débouchant sur des élections libres".

Les violences que connaît Haïti "poussent beaucoup d’Haïtiens à quitter leur pays, et nos départements de Guadeloupe et de Martinique reçoivent une immigration clandestine importante qui pose beaucoup de problèmes". Paris , 7 janvier 2004, AFP.

De telles paroles de bon sens, dans la bouche d'autorités françaises, pourraient être encourageantes pour Haïti. Mais il faudrait que la France s'engage, sans ambiguité, pour le sauvetage d'Haïti. Car si les Haïtiens sont les principaux artisans de leur auto-destruction, la France y a bien contribué ces derniers temps, en s'alignant, sans étude approfondie, sur les positions de tous ceux qui, en Haïti, s'auto-proclament abusivement les vrais démocrates de ce douloureux bout d'ïle.

D'ailleurs, on attend avec impatience le rapport Debray sur l'avenir des "relations franco-haïtiennes".


19 juin 2003

 

COMMENT LA FRANCE CALCULA LE MONTANT

DE L'INDEMNITÉ DE 1825

 

Le gouvernement de Charles X, en 1825, avait demandé, lors de la reconnaissance de l'indépendance d'Haïti par la France, une indemnité de 150 millions de francs "destinés à dédommager les anciens colons". Comment avait été fixé ce chiffre de 150 millions, qui s'avéra dans la suite une dette trop lourde à porter pour la jeune Haïti?

Les Français s'étaient appuyés sur les chiffres des exportations de l'année 1823, chiffres qui leur avaient été fournis, parait-il, par les envoyés haïtiens négociant la reconnaissance de l'Indépendance. Ces chiffres de 1823 donnaient:

8,5 millions vers la France, 8,4 millions vers l'Angleterre, 13,5 millions vers les Etats-Unis, soit 30 millions.

De ce chiffre de 30 millions, les Français déduisirent 15 millions, soit la moitié, comme représentant le coût de production des biens exportés. Le revenu net des exportations s'établissait ainsi à 15 millions.

On fit ensuite application d'une règle française ancienne qui voulait que la valeur des biens-fonds, dans les colonies, se calculât sur les 10 années de revenus. On obtenait donc 150 millions de francs pour la valeur des terres de Saint-Domingue, et l'on faisait observer que ce chiffre était modéré, puisqu'il était équivalent au produit net des exportations de la seule année 1789: 149.664.799 francs.

Il faut dire qu'à cette époque en France et en Angleterre circulaient d'extravagantes rumeurs au sujet de la richesse d'Haïti. D'une part, il était couramment rapporté que le Roi Christophe avait laissé 250 millions de francs dans son trésor; d'autre part, l'annexion de la partie de l'Est donnait à Haïti les anciennes mines d'or du Cibao : en 1825, une compagnie anglaise négociait avec le gouvernement haïtien pout les prospecter et les exploiter en compte à demi.

En fait Boyer ne recueillit pas, semble-t-il, plus de 10 millions de francs du trésor de Christophe, le reste ayant disparu lors du pillage de Sans-Souci, et les mines du Cibao avaient vraiment été épuisées par les Espagnols.

Aussi, dès la première année, le gouvernement du président Boyer comprit-il qu'il assumait un fardeau trop lourd. Le paiement de la première annuité, à l'échéance du 31 décembre 1825, fut assuré partie en espèces (5,3 millions) partie grâce à un emprunt de 24 millions, souscrit auprès d'un syndicat de banquiers parisiens dont le chef de file ètait le banquier Laffite.

Dans un mémoire du 19 janvier 1828, adressé au ministre des Affaires Etrangères, comte de la Ferronnays, Laffite insistait sur l'impossibilité pour Haïti de payer les quatre annuités de 30 millions de 1826, 1827, 1828 et 1829. Il mentionnait que, pour les "sept derniers exercices", l'excédent budgétaire d'Haïti n'avait atteint qu'une moyenne de 74.233 gourdes par an. (Archives du Ministère français des Affaires Etrangères, correspondance politique d'Haïti, vol. II, notes de lecture aimablement communiquées par M. L. Manigat)

Extrait de " Histoire monétaire de Saint-Domingue et de la République d'Haïti jusqu'en 1874." de Robert Lacombe, Larose, Paris, 1958


14 avril 2003

 

POLÉMIQUE FRANCO-HAITIENNE AUTOUR

DES RÉPARATIONS RÉCLAMÉES A LA FRANCE

 

A l'occasion de la commémoration du bicentenaire de la mort de Toussaint Louverture, le Président Jean-Bertrand Aristide a réclamé de la France, la restitution du montant que les autorités haïtiennes avaient dû verser en 1825 à l'ancienne métropole pour que celle-ci reconnaisse son indépendance. Les autorités haïtiennes réclament aujourd'hui un peu plus de 21 milliards de dollars pour les 90 millions de "francs or" indûment versés en 1825.

En réaction, le ministre français des affaires étrangères, Dominique de Villepin a tenté d'expliquer le refus de son gouvernement par le fait que depuis le retour du Président Aristide en 1994, la communauté internationale a fourni, a-t-il dit, à Haïti une aide évaluée à deux milliards de dollars dont une contribution de 200 millions de dollars de la France.

Selon le Chancelier haïtien Joseph Philippe Antonio, le gouvernement français est embarrassé et cherche à déplacer le problème. "Nous parlons de restitution pour les torts causés au pays, alors que M. de Villepin parle de 200 millions de dollars américains accordés à Haïti par la France" dans le cadre normal de la coopération multilatérale. Il a insisté sur le fait que le parlement français a reconnu récemment l'esclavage comme un crime contre l'humanité. "Alors comment le gouvernement francais peut-il refuser de réparer les torts causés par l'esclavage et de restituer les montants qu'Haïti a dû en oûtre verser à la France après tous les méfaits de la période coloniale", s'est-il demandé. Le Ministre Antonio a précisé que des démarches sont en cours en vue d'obtenir ces 21 milliards de dollars. Il a exprimé le souhait qu'un terrain d'entente soit trouvé entre les deux gouvernement sans qu'il soit nécessaire d'intenter un procès à cettte fin .

Cependant l'opposition haïtienne a perdu une nouvelle occasion de se taire en se rangeant derrière la position du Quai d'Orsay.

Selon le leader du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde Nationale (MPSN), Hubert de Ronceray, une telle démarche n'a aucune chance d'aboutir, parce qu'elle relèverait de la démagogie, selon lui.

La Confédération Unité Démocratique (KID en créole) de Evans Paul, l'Organisation du Peuple en Lutte (OPL) de Gérard Pierre-Charles et le Congrès National des Mouvement Démocratique (KONAKOM) de Victor Benoît déclarent voir dans la démarche du chef de l'Etat une tentative visant à empocher de l'argent au nom de la population. Selon les partis membres de l'opposition, le gouvernement n'a ni la crédibilité, ni la capacité nécessaires pour gérer une telle somme d'argent.

M. Himmler Rébu, ancien colonel des forces armées démobilisées d’Haïti, réagit aux récentes déclarations du Président Aristide et de l’ancien président américain en visite au pays le 8 avril passé. M. Himmler Rébu a qualifié de « comédie » l’appel à la restitution de la dette de l’indépendance lancé par le Président Aristide le 7 avril dernier. Selon lui, cette réclamation serait inappropriée. Car, du moment que le gouvernement haïtien avait consenti à payer une indemnité, cette demande de réparation n’a pas sa place.

M. Himmler Rébu soutient, prenant le contre-pied de M. Bill Clinton, qu’Haïti n’est pas sous embargo. Mais il précise que le pays est soumis à des sanctions économiques ciblées, à cause du comportement et de la mauvaise gestion du pouvoir en place. Il a également mis l’ancien président américain (Bill Clinton) et le Président Aristide dans le même panier. Selon lui, les deux hommes n’auraient pas de parole d’honneur.

Toutefois, d'autres secteurs estiment farfelue l'argumentation de l'opposition, dans la mesure où une telle démarche prendrait un peu de temps avant d'aboutir. Ainsi, ont-ils ajouté, ce n'est probablement pas l'actuel gouvernement qui recevrait ces dédommagements, mais les futurs gouvernements.

Le syndicaliste Duclos Bénissoit qualifie d'apatrides les leaders de l'opposition qui demandent à la France de ne pas dédommager Haïti pour y avoir instauré un régime de fer durant la période coloniale. Selon Dulos Bénissoit, seuls des leaders désespérés et dépourvus de tout sentiment patriotique peuvent prendre une telle position. Le syndicaliste invite la population à prendre acte de la position de l'opposition qui, dit-il, deux cents ans après l'indépendance, avalisent les méfaits de ceux qui ont pillé le pays.

Pour sa part, le coordonateur de l'Action Démocratique (AD), Simon Jean Poix, dit s'étonner des réactions des dirigeants de la Convergence Démocratique. Le responsable de cette coalition politique de l'opposition modérée considère les leaders de la convergence comme des hommes sans vision qui pesrsistent à se mettre à contre-courant de la position de la population, en raison de leurs frustrations politiques. Simon Jean Poix invite tous les fils d'Haïti, quelque soit leur appartenance politique, à se mettre du côté du Président Aristide pour obtenir, dit-il, justice et réparation. "Si la France s'obstinait dans son refus de réparer les torts causés à Haïti, cela sigifierait qu'elle reste encore attachée au système esclavagiste", a déduit Simon Jean-Poix. AHP (10 avril 2003)


Ordonnance de Charles X

CHARLES, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre, à tous présents et à venir, salut.

Vu les articles 14 et 73 de la Charte;

Voulant pourvoir à ce que réclame l'intérêt du commerce français, les malheurs des anciens colons de Saint Domingue, et l'état précaire des habitants actuels de cette île;

Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

Art. 1er. Les ports de la partie française de Saint Domingue seront ouverts au commerce de toutes les nations.

Les droits perçus dans ces ports, soit sur les navires, soit sur les marchandises, tant à l'entrée qu'à la sortie, seront égaux et uniformes pour tous les pavillons, excepté le pavillon français, en faveur duquel ces droits seront réduits de moitié.

Art. 2. Les habitants actuels de la partie francaise de Saint Domingue verseront à la caisse fédérale des dépots et consignations de France, en cinq termes égaux, d'année en année, le premier échéant au 31 décembre 1825, la somme de cent cinquante millions de francs, destinée à dédommager les anciens colons qui réclameront une indemnité.

Art. 3. Nous concédons, à ces conditions, par la présente ordonnance, aux habitants actuels de la partie française de Saint Domingue, l'indépendance pleine et entière de leur gouvernement.

Et sera la présente ordonnance scellée du grand sceau.

Donné à Paris, au château des Tuileries, le 17 Avril de l'an de grâce 1825, et de notre règne le premier.

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