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L'ÉTAT SAUVAGE

RÉINSTALLÉ


sur cette page

La justice méprisée en Haïti (éditorial du New York Times, 20 août 2004)

Les explications de Bernard Gousse , ministre intérimaire de la justice

Lettre ouverte du Premier Ministre Yvon Neptune aux dirigeants étrangers

Haïti 2004 : le processus démocratiqu interrompu. L'état sauvage revient

 

21 août 2004

 

La Justice méprisée en Haïti

 

Un éditorial du New York Times du 20 août 2004 rappelle que l'administration Bush avait poussé hors du pouvoir le président démocratiquement élu d'Haïti, lui reprochant principalement de s'appuyer sur des gangs armés pour maintenir son gouvernement. Maintenant le nouveau gouvernement que Washington a installé à la place d'Aristide permet l'acquittement judiciaire scandaleux d'un des gangsters politiques les plus notoires, Loui-Jodel Chamblain.

L'histoire violente de Mr Chamblain remonte à plus d'une décennie. Sous la dictature militaire de Cédras, il était l'un des chefs d'un escadron de la mort réputé avoir tué des milliers de personnes.Les tribunaux haïtiens l'ont condamné deux fois par contumace pour des tueries politiquement motivées - une fois pour l'assassinat en 1993 de Antoine Izmery, un chef d'entreprise pro-Aristide qui a été tiré d'une église et exécuté d'une balle dans la tête, une autre fois pour sa complicité dans le massacre par son escadron de la mort de résidents de Raboteau, un bidonville de la banlieue des Gonaïves.

Le nouveau procès pour l'affaire Izmery a eu lieu cette semaine. Dans une procédure nocturne rapide, l'accusation n'a produit qu'un témoin qui a déclaré ne rien savoir de cette affaire, et Mr Chamblain est acquitté sur le champ. Washington a bien déploré la hâte et "les déficiences procédurales" du nouveau procès Chamblain. Mais il ne devrait pas être particulièrement surpris. Le ministre de la justice intérimaire, Bernard Gousse, avait prévenu que Chamblain pouvait être pardonné "pour les grands services rendus à la nation" en qualité de chef de la rébellion contre Aristide en février. Avant lui, le premier ministre intérimaire Gérard Latortue avait publiquement acclamé un autre chef rebelle, lui aussi condamné par dans le massacre de Raboteau, comme "combattant de la liberté".

Haïti confronte un problème sérieux depuis des décennies avec un système judiciaire sous-équipé, non -professionnel et hautement politisé. Mais le gouvernement haïtien actuel- patronné par Washington, conduit par des technocrates internationalement connus comme Latortue, protégé par une force de maintien de la paix des Nations Unies -est censé produire un meilleur exemple.

Au lieu de cela, il a donné un nouvel exemple répugnant d'un gouvernement haïtien qui protège ses complices gangsters politiques de la justice. Source : New York Times, éditorial, August 20, 2004


21 août 2004

Les explications de Bernard Gousse

ministre intérimaire de la justice

 

Les Etats-Unis, l’OEA et des organismes de défense des droits humains ont critiqué la décision de la justice haitienne de libérer Louis Jodel Chamblain et Jackson Joanis accusés d’implication dans l’assassinat en 1993 du commerçant Antoine Izméry. Selon la Coalition nationale pour les droits des haïtiens (NCHR), ce procès est « une parodie de justice ».

Répondant à ces commentaires, le ministre de la justice admet que le systèdme présente une certaine précarité dans ses différents organes. Cependant malgré la défaillance des mécanismes judiciaires,les deux présumés assassins du commerçant d’Antoine Izméry condamnés par contumace, ont pu comparaitre devant le juge, a fait remarquer M. Gousse.

« Lorsqu’il y a des gens condamnés par contumace, il n’est pas recommandé de faire une nouvelle instruction ». « Il serait illégal de demander un autre instruction, c’est la loi qui le dit, a avancé Me Gousse. Ces gens n’ont qu’à reparaître devant tribunal », a-t-il poursuivi.

Le ministre de la justice a rejeté d’un revers de main les accusations qui prétendent que le jugement a été hâtif. « Ce sont des accusations provenant de personnes soit qui ne connaissent pas la loi, dans ce cas là elles sont pardonnables, soit de personnes qui feignent d’ignorer la loi dans ce cas là elles sont de mauvaise foi », a déclaré M. Gousse.

Il a rappelé que la loi interdit de faire de nouveaux actes d’enquête. « Il n’y avait plus qu’à faire les Assises », a indiqué le ministre de la justice. « L’instruction avait été faite en 1995, à ce moment-là, les responsables avaient tout le temps d’organiser ou de rassembler les preuves contre les inculpés. Si on ne l’a pas fait, ce n’est point la faute de l’actuel commissaire du gouvernement », a fait remarqué Me Gousse. Source : HPN 20 août 2004


 

DES JOURNALISTES PRO-ARISTIDE MENACÉS

DIT UN DOSSIER DU CPJ

Cinq mois après la chute du gouvernement du président Jean-Bertrand Aristide, les journalistes continuent de travailler dans des conditions dangereuses, surtout ceux qui sont favorables à l'ancien dirigeant, apprend-on dans un nouveau rapport du Comité pour la protection des journalistes (CPJ).

« Taking Sides » [Prendre parti] examine la situation de la liberté de la presse dans les pays des Caraïbes et constate que la menace de la violence plane toujours sur la tête des journalistes, en particulier dans les zones rurales à l'extérieur de Port-au-Prince, la capitale. Alors que les médias privés étaient souvent la cible d'attaques parce qu'ils critiquaient Aristide pendant qu'il était au pouvoir, les journalistes qui l'appuyaient sont maintenant ceux qui sont visés, dit le CPJ.

Des groupes armés illégaux et d'ex-membres de l'armée haïtienne se sont rendus maîtres des régions rurales du nord et du centre, où le maintien de l'ordre est minimal, et agissent en forces de sécurité auto-proclamées.

Ces quatre derniers mois, le CPJ a documenté trois incidents où ces forces ont détenu illégalement des journalistes qui travaillaient pour des stations de radio pro-Aristide. Au moins une station a été fermée, tandis qu'une autre a cessé pendant un mois de diffuser des informations, en raison de menaces.

Selon le CPJ, les attaques contre les journalistes pro-Aristide sont un symptôme de la polarisation médiatique en Haïti, où traditionnellement les médias s'alignent sur des positions politiques opposées. Sous le règne d'Aristide, les médias, autant ceux qui l'appuyaient que ceux qui lui étaient opposés, présentaient des reportages tendancieux.

D'après le rapport, "Bien que les cibles d'attaque aient changé [. . .] les journalistes haïtiens ne pourront jamais travailler librement tant qu'ils ne pourront travailler délivrés de la menace constante de la violence". Carlos Lauría, responsable du programme sur l'Amérique au CPJ, et Jean-Roland Chery, reporter haïtien en exil, co-signent le rapport

Lire le rapport complet à médias :http://www.cpj.org/Briefings/2004/haiti_7_04/haiti_7_04_fr.html


 

3 Juillet 2004

 

LETTRE OUVERTE DU PREMIER MINISTRE

YVON NEPTUNE

 

Président des Etats-Unis d'Amérique, M. Georges W. Bush,

Président de la France, M. Jacques Chirac,

Premier Ministre du Canada, M. Paul Martin,

Président du Chili, M. Ricardo Lagos,

Parlements des Etats-Unis, de la France, du Canada et du Chili,

Secrétaire Général des Nations Unies, M. Kofi Annan,

Secrétaire Général de l'Organisation des Etats Américains, M. César Gaviria,

Premier Ministre de Bahamas et Président de la CARICOM, M. Perry Christie.

Je délivre ce message dans une conjoncture politique où mes sœurs et frères Haïtiens continuent de faire face au spectre de l'insécurité, du chômage, de la faim, de la maladie et de la mort. J'ai l'honneur de soumettre à votre attention la situation plus que critique relative à ma liberté et à ma sécurité en Haïti depuis l'interruption de l'ordre constitutionnel.

En effet, au départ du Président Jean-Bertrand Aristide du pouvoir le 29 février dernier, j'ai choisi de rester à mon poste de Premier Ministre en vue d'éviter un chaos total au niveau de l'Etat. De toute façon, je n'avais aucune raison de me retirer de façon précipitée, ni de m'enfuir, quoique je savais que ma vie était en danger.

Durant mes 12 derniers jours à la tête du Gouvernement et jusqu'à maintenant, des menaces d'arrestation et de mort n'ont cessé d'être manigancées et proférées contre ma personne par les chefs du soi-disant Front Armé de Libération (anciens militaires, anciens membres du FRAPH et autres associations criminelles), des membres du pouvoir, des dirigeants du Groupe des 184, de la Convergence et autres partis politiques affiliés anti-Lavalas.

La machine infernale conçue par les forces anti-Lavalas et dont l'objectif est de broyer, entre autres, Yvon Neptune, s'est mise en branle dès le matin du départ du Président Aristide : Le dimanche 29 février, la maison d'un proche parent, chez qui je résidais jusqu'à cette date, a été saccagée, pillée et incendiée, ce au moment où j'étais à mon bureau en compagnie des visiteurs suivants : les ambassadeurs des Etats-Unis et de la France, Messieurs James B. Foley et Thierry Burkard et du Président de la Cour de Cassation, Me Boniface Alexandre, l'actuel Président provisoire.

Le mardi 2 mars, un ancien militaire de ce Front est venu à la tête de sa bande devant la Primature dans le but publiquement annoncé de m'arrêter (i.e. m'assassiner). Au moment où ce chef de gang et ses acolytes progressaient en direction de la Primature, l'ambassadeur des Etats-Unis, M. James B. Foley, et le Président de la Cour de Cassation, Me. Boniface Alexandre, s'apprêtaient à laisser mon bureau à l'issue d'une réunion relative à la désignation du représentant du Gouvernement à la Commission Tripartite. Immédiatement après leur départ, des marines furent dépêchés sur les lieux et les brigands repoussés.

Peu de jours après, selon un rapport de sécurité, des individus armés ont tenté d'attaquer, durant la nuit, la Primature ; deux d'entre eux ont été tués par des marines américains dont un contingent était cantonné depuis ce mardi 2 mars à la Primature. Il n'y a eu, à date, ni enquête, ni arrestation, ni dédommagement en relation avec ces actes de vandalisme et de terreur.

En dépit de ces agressions terroristes, j'ai continué de gérer, le mieux possible, les affaires courantes du Gouvernement jusqu'à mon départ de la Primature, le vendredi 12 mars. En cette occasion, j'ai réaffirmé, dans une déclaration à la presse, ma décision de rester dans mon pays.

Cependant,

· Tenant compte de la mise à sac et de la destruction de ma résidence le 29 février en présence d'agents de la PNH chargés d'en assurer, en tout temps, la sécurité ;

· Vu la cohabitation de la PNH avec les anciens militaires du soit-disant Front anti-Lavalas qui avaient systématiquement assassiné des policiers, vandalisé des commissariats, ouvert les portes de toutes les prisons du pays et mis en liberté des assassins et des trafiquants de drogue, pendant qu'ils continuent de menacer ma vie et celle de tous ceux qui sont de conviction Lavalas ;

· Suite à des informations émanant de sources officielles et fiables faisant état de montages politiciens par des membres du Gouvernement, de connivence avec des dirigeants du Groupe des 184 et d'autres secteurs politiques anti-Lavalas, en vue de commanditer mon arrestation, mon emprisonnement, sinon mon assassinat ;

· Considérant la mesure illégale d'interdiction de voyage à l'étranger prise par le Ministre de la Justice Bernard Gousse (membre du Groupe des 184 anti-Lavalas) contre les membres du Gouvernement renversé et moi-même, et les arrestations arbitraires de dirigeants, membres et partisans de Fanmi Lavalas ; Je ne saurais compter sur :

· ce gouvernement, ouvertement, activement et aveuglément anti-Lavalas, pour la protection de mes droits,

· l'actuelle Police Nationale inféodée à d'anciens militaires hors-la-loi pour la sécurité de ma personne,

· l'appareil de justice politique en place pour me défendre face à mes détracteurs et aux fomenteurs de mon éventuel lynchage politique et physique.

Ainsi, les dirigeants de l'ONU, de l'OEA, de la CARICOM et des gouvernements des pays étrangers (tels Etats-Unis, France, Canada, Chili, dont des troupes et des conseillers sont en mission de stabilité et de paix en Haïti) sont, ipso facto, les principaux garants de mes droits à la sécurité et à la justice, en attendant le retour du pays à l'ordre constitutionnel.

La Force Multinationale, à majorité américaine, met bientôt fin à sa mission ; une force des Nations Unies va prendre la relève le mois prochain. Je souhaite que ni l'une ni l'autre de ces forces n'auront servi d'instrument au présent pouvoir, au Groupe des 184 et aux autres coalitions de secteurs anti-Lavalas à pourchasser, isoler ou détruire ceux qui s'associent à la quête et à la lutte difficile et douloureuse de la majorité appauvrie en Haïti pour le progrès du processus de construction d'un système socio-économique inclusif et équitable, dans l'intérêt de tous.

Je suis convaincu que le peuple haïtien, violé, bafoué et réprimé tout au ours de son histoire, a l'intelligence et la sagesse pour créer, identifier et saisir des opportunités véritables de stabilité, de paix et d'amélioration de ses conditions de vie.

Quand des colporteurs de mensonges et de confusion, de rancune et de vengeance, de division et de souffrance prétendent tenir les clés de la concorde, du développement et du progrès, j'ai le ferme espoir que ceux dont les intérêts pour et en Haïti sont compatibles avec ses besoins présents et futurs s'engageront toujours du coté de la vérité et de la compréhension, de la fraternité et de la justice, de l'amour et de la compassion, de la solidarité et du respect.

Mai 2004


 

18 avril 2004

Le processus démocratique interrompu

L'Etat sauvage revient

 

Le processus démocratique haïtien, engagé le 7 février 1986, qui progressait cahin-caha, est brutalement interrompu le 29 février 2004. Et nous voyons revenir l'état sauvage, sous ses formes traditionnelles bien connues de tous les connaisseurs de l'histoire d'Haïti.

On le reconnait par des signes qui ne trompent pas.

-Mise à l'écart de la constitution et des lois en vigueur (pouvoir de facto, décisions arbitraires etc)

-Menaces, assassinats, mauvais traitements contre les adversaires politiques

-Encouragement des exactions commises contre la majorité de la population aux fins d'intimidation

-Militarisation de l'Etat pour maintenir les masses populaires sous le joug des criminels

L'Introducteur de cet Etat sauvage est bien l'occupation franco-américaine. Il faut alerter d'urgence l'opinion haïtienne et les opinions française et américaine contre cette forfaiture perpétrée au nom de l'Etat de droit.

 


 

Le Rapport de la Délégation qui a séjourné en Haïti fin mars-début avril

de l'Organisation américaine de droits humains,

National Lawyers Guild (NLG)

 

"Summary Report of Haiti Human Rights Delegation

March 29 to April 5, 2004

by Thomas Griffin; April 11, 2004

 

Phase -I-

Composée de Thomas Griffin, un avocat des droits de l'Homme et de l'immigration de Philadelphie ,Judy Da Cruz avocat des droits humains venue de l'Ile Maurice et basée à Port-au-Prince, et Edward Carlson, un journaliste défenseur des droits humains de Philadelphie.

La Délégation s'est concentrée sur divers aspects des droits humains et de la sécurité à Port-au-Prince, la capitale, dans les villes de Petit Goâve et Grand Goâve à l'Ouest de Port-au-Prince, et les Cayes au Sud-Ouest d'Haïti.La Délégation a visité aussi Fond des Blancs, un village éloigné du département qui révèle la vie de la paysannerie haitienne en dehors des centres urbains.

En général, la Délégation a trouvé la situation des droits humains très grave. Leurs conditions sont spécialement précaires et indiquent peu d'espoir d'amélioration à cause d'une absence presque totale d'information sur la situation, et d'attention des medias, sur les violations des droits humains qui se pratiquent.

Un sentiment général d'insécurité habite la population dù à, entr'autres choses:

(i) des meurtres

(ii) les couvre-feux

(iii) l'absence de police et d'aucune forme de système judiciaire

(iv) les patrouilles de milices privées lourdement armées

(v) le doublement ou triplement des prix des produits alimentaires et des carburants

(vi) la chûte de la gourde haïtienne par rapport au dollar américain

(vii) une absence anormale d'électicité dans les villes, et

(viii) le retour non-autorisé des anciens militaires armés, en uniforme, de l'ancienne armée haïtienne que le Président Aristide avait démobilisée en 1994, à cause de son rôle historique d'oppression des pauvres, en Haïti.

Bien qu'une force multinationale de 3600 membres soit déployée, ses patrouilles sont confinées à la ville de Port-au-Prince, et dans Port-au-Prince, on les voit généralement seulement dans les quartiers pauvres surpeuplés des bidonvilles (comme Cité Soleil, Bel Air, La Saline).

Finalement, la Délégation a trouvé la preuve accablante que les victimes des menaces et des violences ont été les partisans du gouvenement élu du Président Aristide et du Parti Fanmi Lavalas, des élus et des fonctionnaires officiels de ce gouvernement, ou des employés, dont des policiers.

Beaucoup ont pris le maquis dans les montagnes ou à Port-au-Prince, d'autres ont été battus ou tués. Beaucoup de maisons ont été sélectivement détruites, la plupart incendiées.

I LA SITUATION A PORT-AU-PRINCE

a) LA SITUATION GENERALE

-10:00 p.m. à 6:00 a.m. couvre-feu appliqué par la PNH et la FM.

- Beaucoup de quartiers sans électricité ou eau depuis le 29 février (l'eau courante dépend d'une pompe électrique)

- les prix du gaz ont doublé depuis le 29 février, entravant le fonctionnement des transports privés et publics

- l'achat d'un dollar U.S. pour 7.5 à 8.0 dollars haïtiens

- des gens généralement inconscients de la nature du gouvernement, de ce que réserve l'avenir immédiat, et généralement inconscients des violations des droits de l'homme qui se pratiquent; mais tous parfaitement conscients qu'il n'est pas prudent d'être du côté du gouvernement élu ou d'être connu comme un membre, un sympathisant, ou un partisan de Lavalas.

b) REPRESSION DES ORGANISATIONS POPULAIRES

- Les chefs de presque toutes les organisations populaires(OP) (des douzaines de groupes de base à travers le pays formés pour travailler avec le gouvernement élu sur des besoins communautaires de base) ont été menacés ou tués.

- Aucun d'eux ne vit chez lui. Ceux de régions éloignées sont allés se cacher à Port-auPrince, et n'ont pas vu leurs familles depuis le 1er mars 2004. D'autres ont pris le maquis dans les montagnes, avec femmes et enfants.

- D'anciens militaires et des partisans de l'opposition continue de visiter les maisons des chefs OP qui n'ont pas été incendiées afin de les dissuader de revenir et afin d'intimider les voisins.

- Beaucoup de ces gens ont eu leurs maisons brûlées. La majorité de ces incendies eurent lieu dans la première semaine de mars, mais continuaient durant la visite de notre Délégation.Les menaces ont été lancées par des anciens militaires, et par des membres du FRAPH aussi bien que par d'autres partisans de l'opposition.

- Tous les chefs OP qui ont sollicité asile à l'ambassade U.S. ont été refusés. Ils ont aussi été repoussés par les ambassades du Canada, de France, du Mexique et du Venezuela.

- Toutes les aides gouvernementales aux OP ont été brutalement coupées. Cela comprend les programmes d'alphabétisation, d'aide alimentaire et de logement, et les orphelinats.

- Tous les chefs OP ont incité la Délégation à demander au gouvernement en place de garantir leur sécurité de retourner chez eux avec leurs familles, de retourner à l'école ou au travail, ou bien, de les laisser chercher un asile.

c) LA FORCE MILITAIRE MULTINATIONALE

Il règne une tension dans la population de la capitale due à la présence intermittente et aux patrouilles des marines. Ils sont réputés passer des heures plantés par petits groupes dans des quartiers ciblés en tenue de combat, tenant leurs fusils automatiques.

Le soir, ils choisiront occasionnellement une rue et la parcourront par groupes de deux soldats lentement dans une même direction sur les deux côtés de la rue, suivis par deux ou trois véhicules de patrouilles remplis de soldats protégeant leur arrière.

Certaines personnes croient que les marines ont tué approximativement 8 Haïtiens à Port-au-Prince, à cette date, bien que la Délégation ait entendu parler de plus de cinq fois ce nombre. Des questions se posent de savoir si les actions des marines, comprenant les arrestations, les fouilles de maisons, ne violent pas la constitution haïtienne. Les familles ne se sentent pas assurées pour refuser une fouille de domicile.

Interviewés par la Délégation les marines ont déclaré qu'ils ne sont pas une police mais sont là seulement pour maintenir la sécurité dans la ville jusqu'à ce que une force permanente de l'ONU les remplace.

d) LA MORGUE PUBLIQUE A PORT-AU-PRINCE ET L'EVACUATION DES CADAVRES

-Le Directeur de la morgue refuse la demande de la Délégation de voir les cadavres et de consulter les registres.

-Le Directeur admet que de nombreux cadavres sont arrivés depuis le 1 mars 2004, des hommes jeunes avec les mains liées derrière le dos, des sacs en plastic sur la tête, morts par balles.

-Le Directeur affirme qu'il y a seulement 8 cadavres actuellement dans la morgue, ce 31/3/04

- Des employés de la morgue nous ont cependant confié que 50 corps se trouvaient dans la morgue. Ils ont confirmé que beaucoup de corps continuaient d'arriver, les mains liées dans le dos, avec des sacs en plastic sur la tête.

- Le Directeur a admis que 800 cadavres ont été jetés aux ordures et brûlés le dimanche 7 mars 2004 et 200 autres jetés le dimanche 28 mars 2004. La quantité habituelle est de moins de 100 par mois. Les corps sont transportés à Titanyen, à deux heures approximativement au Nord de Port-au-Prince et brûlés dans une fosse commune.

- Il y a ordinairement une attente de 22 jours avant l'évacuation d'un corps. Cependant à cause de ce que le directeur attribue à une panne de moteur il n'y a pas de réfrigération depuis le 29 février 2004. Par conséquent la morgue évacue les cadavres après 5-6 jours.

Le directeur ne donne aucune estimation de date pour la réparation du moteur.

- Les gens ont peur de réclamer les corps des membres de Lavalas

e) DES CADAVRES EVACUES ET BRULES SUR LE TERRAIN "Piste d'Aviation"

-Plusieurs témoins ont dit à la Délégation que 40 à 60 cadavres ont été transportés en camions sur un terrain près de Piste d'Aviation , à côté de Delmas 2 quartier de Port-au-Prince, le dimanche 22 mars 2004, le long de la route de l'aéroport.

- Le lundi 23 mars 2004, les corps ont été déplacés du bord de la route vers un terrain plus éloigné pour être brûlés.

- La délégation a observé une énorme pile de cendres, et des cochons qui mangeaient de la chair sur des os humains qui n'avaient pas brûlé à Piste d'Aviation La Délégation a photographié des squelettes et d'autres ossements humains, certains enchevêtrés dans leurs vêtements ou avec leurs chaussures et sneakers à côté.

f) CE QUI S'EST PASSÉ A LA FANMI SE LAVI

-Quand la Délégation a interviewé des responsables OP le 30 mars 2004, certains nous ont dit avoir vu quatre hommes attachés,gisant face contre terre, atteints par des balles dans le dos, devant La Fanmi Se Lavi, un orphelinat-école créé par Aristide, fermé depuis le 29 février.

- La Délégation s'est rendu immédiatement sur le site qu'elle a trouvé fermé et entouré par la police. La police affirma que personne n'avait été tuée, et que les hommes en question avaient été arrêtés pour vol d'un générateur sur le site.

Ils ont admis qu'on avait tiré sur ces hommes et que l'un d'eux était blessé et hospitalisé. Le policier conseilla à la Délégation d'aller au commissariat de police.

- Du sang était visible sur le sol et un membre de la Délégation trouva une balle utilisée.

- Au commissariat, le chef de la police apprend à la Délégation que les hommes avaient bien été arrêtés, mais ils ne pourraient dire où ils sont retenus.

II) La situation à Petit Goâve et à Grand Goâve

La Délégation observa et photographia beaucoup de maisons à Petit Goâve qui ont été détruites par le feu depuis le 29 février 2004. Toutes ces maisons étaient occupées ou possédées par des familles associées à Lavalas. Tous les occupants ont fui dans les montagnes, avec femmes et enfants

- Parmi les maisons détruites sont comprises celles d'un membre du parlement national, de responsables politiques et civiques élus, et de leaders étudiants. Les maisons de membres de la famille, y compris les grands parents, les oncles et tantes ont été également incendiées.

- La Délégation a interviewé plusieurs responsables OP associés à Lavalas et un député qui se cachent depuis la destruction de leurs maisons.

- Il n'y a pas de policiers à Petit Goâve, tous avaient fui. La sécurité dans la ville est assurée par un homme appelé Ti Kenley. Il est responsable avec son gang de multiples meurtres et incendies de maisons.

La Délégation a appris que Ti Kenley avait brûlé plus de maisons lavalas en représailles contre l'enqnête de la Délégation, les interviews avec beaucoup de résidents, et la photographie des maisons incendiées. -

Pas de police à Grand Goâve, tous ayant abandonné leurs postes La sécurité est assurée par une petite bande de jeunes prenant leurs ordres d'anciens militaires. La Délégation a observé la bande circulant dans un véhicule SUV portant l'inscription FADH peinte de chaque côté. Interviewé le gang affirma qu'il n'avait pas d'armes et aucune arme n'était visible. Le gang a dit qu'il ne recevait pas d'argent pour ses services. Il démentit commettre des arrestations et des exécutions.

III) LA SITUATION AUX CAYES

- Juste avant le 29 février, les policiers ont abandonné leur poste.

- Le vide de la sécurité a été comblé par un gars de 30 ans nommé Ti Gary et sa bande de sept adjoints et 22 hommes de main. Ti Gary est un militant anti-Aristide bien connu qui menaient des guerres de rues contre les partisans d'Aristide depuis plusieurs années.

- Ti Gary a été interviewé par la Délégation et admit avoir commis au moins 5 exécutions publiques de voleurs au mois de mars. Il dit qu'il devait les exécuter parce que la police ne fonctionnait pas. Ti Gary déclara qu'il a commis ces exécutions sans tenir compte des affiliations politiques des victimes.

- Durant l'interview de Ti Gary, il portait une énorme blessure de balle à sa jambe gauche infligée par un adjoint de Guy Philippe. Selon Ti Gary un commando de Guy Philippe, le capitaine Bélisaire, l'avait menacé avec un fusil sur la tête le 15 mars 2004, pour avoir refusé les ordres de Guy Philippe d'aller dans le quartier de La Savane pour tuer les partisans d'Aristide. Le commandant Toussaint du gang de Guy Philippe sauva la vie de Ti Gary en ordonnant qu'on lui tire seulement une balle dans la jambe.

- Quand Ti Gary reprit connaissance quelques policiers étaient revenus à leur poste. Cependant les anciens militaires étaient revenus, en uniforme, et visiblement contrôlaient les policiers.

- La Délégation interviewe les militaires qui croyaient que leur rôle étaient de donner la sécurité à la communauté. La police paraissait avoir accepté les anciens militaires dans leur poste et leurs patrouilles, disant qu'elle n'avait pas le choix et que bientôt ils seraient intégrés dans la force de police de toute façon.

- L'inspecteur en chef de la police nia connaître Ti Gary, ni où on pourrait le trouver. Il confirma que des exécutions ont été commises par des gangs.

- La police admet qu'elle n'a entrepris aucune enquête sur les gangs ni lancé aucun mandat d'arrestation.

- La police admet que Guy Philippe est venu aux Cayes le samedi 3 avril 2004. Ils disent n'avoir aucune intention de l'arrêter, bien qu'il détienne des armes illégales, parce que il combat à nos côtés.

CONCLUSION

La "National Lawyers Guild Delegation to Haiti" entreprend la phase II de son enquête qui commence le 11 avril 2004, avec l'objectif de voyager vers le nord dans les régions des Gonaïves et du Cap-Haïtien. Le groupe de la Phase I prépare actuellement un compte-rendu plus détaillé, illustré de photos.

Thomas M. Griffin

Membre de la Délégation

(à suivre)

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