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LES AVENTURES ROBERT MÉNARD

AU BURKINA FASO (AFRIQUE)

(un article du magazine burkinabé l'hebdomadaire )

 

L'hebdomadaire N°109 du 13 avril 2001 au 19 avril 2001

 

L'évènement

Robert Menard (RSF)

Des aveux très compromettants Robert Mènard, vous connaissez ? C'est le très médiatique secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF) qui s'est beaucoup investi dans l'affaire Norbert Zongo. Il a non seulement dirigé la première enquête d'une semaine à peine sur le drame de Sapouy initiée par RSF, mais aussi et surtout, il a pris part très activement aux travaux de la Commission d'enquête indépendante (CEI).

On a pu dire de lui qu'il était l'adjoint du magistrat Kassoum Kambou, le président de ladite commission. Avant, pendant et après les travaux de la CEI, il avait multiplié les interventions dans la presse d'ici et d'ailleurs (RFI) appelant les Burkinabè à descendre dans les rues. Le Collectif ne cachait pas sa satisfaction d'avoir ce combattant de la liberté et de la presse en première ligne des marches et meetings contre l'impunité.

Mais les apparences sont trompeuses. Le croisé n'était qu'un colonialiste bon teint. Ce qu'il ne veut pas ou ne peut pas faire en Europe, il le fait en Afrique et de quelle manière ? En mai 1999, dans l'éditorial de l'Hebdo N°09, nous écrivions à propos du secrétaire général de RSF,

"ce paria d'un gauchisme éculé était venu à Ouagadougou pour prêcher sa bonne nouvelle. Celle cousue d'a priori colonialistes sur les républiques bananières d'Afrique dont les peuples ont besoin de rédempteurs éclairés pour les introduire dans les lumières de la civilisation..."Aujourd'hui, des rebuts de la société occidentale qui n'ont pas voix au chapitre dans les institutions qui aident vraiment l'Afrique, usent des problèmes africains comme d'un exutoire de leurs propres frustrations contre un système qu'ils ne comprennent plus".

Deux ans après cet édito, les confessions de Menard nous donnent entièrement raison. En effet, dans un ouvrage qui porte sur son combat à la tête de RSF, M. Menard a eu le courage de révéler qu'un différend d'importance l'opposa à ses prédécesseurs dont Jean Claude Guillebaud soutenu par une grande partie de journalistes membres de RSF sur l'orientation à donner aux actions de l'association. Tandis que M. Guillebaud estimait que RSF devait dénoncer en France même, les dérives déontologiques, financières et économiques qui caractérisaient l'évolution du monde médiatique (les concentrations et les restrictions du pluralisme), Robert Menard, selon ses propres aveux s'y est fermement opposé. Pourquoi ?

"Parce que, ce faisant, expliquait-il, nous (la tendance Menard de RSF) risquons de mécontenter certains journalistes, de nous mettre à dos les grands patrons de presse et de braquer le pouvoir économique".

Voilà qui est très clair et très édifiant. Robert Menard ne veut mécontenter personne en France, peu importe qu'on foule aux pieds la déontologie du métier. Il a besoin "de l'argent du pouvoir économique, du soutien des patrons de presse et de la complicité des journalistes" de la même veine que lui pour se médiatiser, histoire de jouer au reporter intègre et intransigeant sous nos tropiques. De fait, il admet lui-même dans son ouvrage, Ces journalistes que l'on veut faire taire publié aux éditions Albin Michel que

"nous, (lui et sa tendance) avons décidé de dénoncer les atteintes de la presse en Bosnie ou au Gabon et les ambiguïtés des médias algériens ou tunisiens...mais de ne plus nous occuper des dérives françaises".

Sans commentaire ou plutôt si. En Afrique et aux Balkans, Menard ne craint pas de semer la m. y compris par l'activisme politique à mille lieues du journalisme. Et pour cause, nos patrons de presse sont pauvres et peu influents, le pouvoir économique est peu versé dans le domaine et de surcroît peu argenté pour donner des cachets à Robert Menard. Conclusion, il peut flouer les consciences au Burkina, jouer au clerc infaillible, les flatteurs du Collectif l'applaudiront . Et c'est peu dire car nous avons encore en mémoire ce coup de fil presqu'anonyme d'un certain Tiendrébéogo qui s'était plaint le vendredi 21 mai 1999 que notre journal soit si peu courtois envers un confrère, Robert Menard. Aujourd'hui plus qu'hier, nous restons convaincus que ce Menard est le prototype de journaliste qu'exécrait feu Norbert Zongo. Sans idéal et plus proche de ses intérêts personnels que de ceux de la profession, le drame de Sapouy n'aura été pour lui qu'une opération promo-pub avec des connexions affairistes. A ce propos, on attend toujours de connaître le montant des bénéfices de la cassette d'Alpha Blondy et de savoir à quelles œuvres de bienfaisance ils ont servi à financer. En attendant, Menard s'est bien servi du Collectif et il n'est certainement pas le seul. Pour sûr, l'histoire nous réserve d'autres aveux et la conclusion de notre écrit de mai 1999 reste d'actualité "Menard n'est pas prophète chez lui, le contraire aurait étonné". Il reste à savoir pourquoi Robert Menard fait de ces aveux compromettants maintenant. Eprouve-t-il un quelconque remord ? Veut-il ré-orienter les actions de RSF ou est-ce encore une opération promo-pub pour se médiatiser ? On attend de voir !

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