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ARCHIVES MAI 2002


 

Le budget de la nation n'est toujours pas voté par le Sénat.Le président du Sénat est en colère contre l'absentéisme de ses confrères qui n'ont pas voté le budget approuvé le 8 mai par les députés, 4 mois après son dépôt par le ministre des finances, au huitième mois de l'exercice fiscal 2001-2002. Le pays fonctionne avec un budget reconduit depuis l'exercice fiscal 1996-1997. La Chambre haute doit se pencher sur douze (12) projets de lois à caractère économique. Il y a, notamment, le texte sur sur les coopératives, celui sur les investissements, celui sur la taxe de communication.

Le travail législatif souffre énormément. Il est douteux que le redressement du pays puisse même être envisagé sans une réforme énergique de son appareil législatif. L'élaboration de bonnes lois est la preuve d'une conscience de la nécessité d'un changement et d'une volonté de le réaliser. Le fait que trois (3) législatures post-duvaliéristes n'ont pas doté le pays des principales lois nécessaires à son redressement est un phénomène extrêmement préoccupant. Nous reviendrons d'ailleurs sur l'inévitable révolution culturelle qui doit ouvrir la route à la réforme des institutions.

LA CORVÉE DE L'EAU POTABLE EN HAITI

Semaine du 26 mai au 1 juin 2002

La longue impasse politique, en Haïti gèle les fonds destinés à l'accès à l'eau potable. Cest le titre d'un article du Miami Herald posté le 26/05/2002 par le journaliste IAN JAMES. JAMES rappelle que peu d'Haïtiens ont accès à l'eau potable, la plupart des gens doivent l'acheter. La Banque Interaméricaine de Développement pourrait aider, mais un prêt de 54 millions de dollars destiné à favoriser l'accès à l'eau potable est bloqué à cause de la crise politique, gênant un si modeste progrès dans le pays le plus pauvre de l'Hémisphère.

D'autres prêts au développement sont aussi retenus. Les Etats-Unis bloquent près de 150 millions de dollars de prêts à taux réduit jusqu'à la solution de la dispute entre le gouvernement et l'opposition en Haïti.

Sont aussi gelés des prêts de:

-19,4 millions de dollars destinés à la réforme de l'éducation

-50 millions de dollars pour l'amélioration des routes

-22,5 millions de dollars pour des équipements médicaux et cliniques.

Le gouvernement Haïtien indique que le problème de l'eau potable est important, parce que les infections et les maladies dues à l'eau contaminée sont une cause majeure de décès.

Le Black Caucus du Congrès américain a déposé une résolution, le 18 avril 2002, pressant le président Bush de débloquer l'aide. D'après Le représentant Barbara Lee, démocrate de la Californie, "le déblocage de ces prêts peut faire la différence entre la vie et la mort".

L'OMS estime que seulement 46% des 8 millions d'Haïtiens ont l'eau potable. Les canalisations ne sont pas entretenues. Beaucoup de sources sont contaminées.

Il y a foule aux fontaines publiques qui vendent de l'eau à Port-au-Prince, une ville de 2,5 millions d'habitants où l'eau doit être purifiée. A "Tête de l'Eau" des femmes,des enfants, des adolescents, achètent l'eau à 10 centimes le gallon et 40 centimes la bokite (bucket) de 5 gallons. La demande est forte.

Ailleurs, les gens achètent de l'eau auprès de vendeurs et paient souvent plus cher. Ainsi, même l'eau potable pése lourd sur les maigres revenus en Haïti, où la grand majorité vit avec moins de 25 gourdes ($1) par jour.

Les officiels américains défendent le blocage de l'aide publique et dit avoir versé 55 million de dollars cette année aux ONG "pour soutenir la démocratie".

Nous sommes convaincus que les citoyens américains et européens ignorent totalement ce scandale perpétré en leur nom. Merci de nous aider à les informer.

L'Assemblée générale de l'OEA se réunit à la Barbade du 2 au 5 juin 2002. Elle examinera le coup d'Etat avorté au Venezuela et aussi la "crise haïtienne". Cette crise haïtienne est née, rappelons le, d'une divergence entre le Conseil électoral Haïtien et un observateur de l'OEA sur la méthode de comptage au scrutin sénatorial du 21 mai 2000. S'alignant sur la position de cet observateur, les bailleurs de fonds internationaux ont décrété, depuis deux ans, des sanctions économiques sévères contre Haïti.

L'agence haïtienne de presse rapporte le propos d'un diplomate caraïbéen accrédité à l'OEA, ayant requis l'anonymat. Il indique que l'OEA serait embarrassé par le gel des négociations, après avoir reconnu que les autorités haïtiennes avaient respecté totalement leurs engagements dans le cadre de la résolution 806.

Que c'est l'organisation qui avait soulevé la polémique, en dénonçant l'élection au premier tour des 7 sénateurs le 21 mai 2000. Que les autorités haïtiennes sont allées bien plus loin que les exigences qui lui avaient été faites.

Monsieur Einaudi, le n° 2 de l'OEA

Nous attendons le retour en Haïti, le 10 juin, de Monsieur Einaudi, le n° 2 de l'OEA pour apprécier la détermination politique de l'organisation hémisphérique. On sait déjà que des éléments hostiles à tout règlement du malentendu diplomatique OEA/Haïti abusivement baptisé "crise haïtienne" se préparent à le torpiller, comme ils avaient réussi à empêcher l'application de la résolution adoptée à l'unanimité, le 5 juin 2001, à San Jose de Costa Rica, par les 34 pays représentés.

La tactique de la surenchère a bien fonctionné depuis longtemps. Elle consiste à séduire les gouvernements et institutions étrangers en leur présentant les conflits entre Haïtiens comme une lutte de la démocratie contre la dictature. C'est ce qu'on appelle "rouler le blanc dans la farine". La politique haïtienne n'accepte pas encore la logique de la négociation et de la réconciliation. Les étrangers seraient bien inspirés de cesser d'encourager la logique chaotique du "déboulonnage" prônée ouvertement par certains interlocuteurs de l'opposition.

Les progrès de la démocratie dans le monde -Au moment où Haïti est étranglée pour sa "faible performance" en matière de démocratie, voyons les avancées ailleurs dans le monde.

La Junte Centrale de la République Dominicaine a publié les résultats définitifs des législatives et municipales.

Pour la Chambre des députés , le parti au pouvoir PRD obtient 73 députés, le PRSC 36, le PLD 41.

Aux sénatoriales, le PRD obtient 29 sièges, le PLD 1 siège, le PRSC 2 sièges.

Aux municipales, le PRD obtient 104 municipalités, et trois autres partis se partagent les 21 restant.

Selon les observateurs de l'OEA, la Junte Electorale a fait preuve d'organisation et de transparence.

La Tunisie et l'Algérie ont également organisé des scrutins pour faire évoluer leurs institutions.

En Tunisie, le président Zine El-Abidine Ben Ali a réalisé, le 26 mai 2002, un référendum pour réformer la constitution, notamment supprimer la limitation des mandats à la présidence et renforçer l'impunité pénale du chef de l'Etat. La réforme a été approuvée par 99,52 % des votants.

Interrogé par la presse le 28 mai 2002, le porte-parole adjoint du Ministère des Affaires étrangères français (Quai d'Orsay) livre comme suit l'opinion de la France:

Sur le changement de la Constitution, le référendum ?

Et êtes-vous satisfait ?

Je n'ai pas de commentaire particulier à faire concernant un événement de politique intérieure tunisienne. Les relations entre nos deux pays sont denses et étroites. Notre souci est de contribuer à aider la Tunisie à faire face aux défis de sa modernisation.

En Algérie,la population a été appelée à voter, le 30 mai 2002, pour renouveler l'assemblée législative. Le parti au pouvoir le FLN est passé de 64 députés à 199 élus, obtenant ainsi une majorité absolue à l'Assemblée populaire nationale.

Interrogé par la presse le 31 mai 2002, le porte-parole adjoint du Ministère des Affaires étrangères français (Quai d'Orsay) livre comme suit l'opinion de la France:

Elections législatives en Algérie

(Paris, 31 mai 2002)

Les élections législatives algériennes sont un moment important de la vie politique de l'Algérie. Nous n'en connaissons pas encore les résultats définitifs. Comme pour tous les pays amis et qui lui sont proches, la France examinera, avec attention, les résultats de ces élections.

Est-ce que vous avez un commentaire sur le boycott de la Kabylie ?

Non, pas encore justement. Nous examinerons, avec attention, les résultats de ces élections, à cet égard aussi.

Avez-vous un commentaire sur les 23 morts en Algérie ?

Pas de commentaire particulier.

Est-ce que vous considérez que les élections législatives en Algérie se sont déroulées d'une manière transparente et honnête ?

C'est un moment important de la vie politique en Algérie mais nous ne connaissons pas encore les résultats, donc, je ne suis pas en mesure de répondre dès aujourd'hui à cette question. Mais, nous examinerons, à tous égards avec attention les résultats de ces élections.

Le Ministre dominicain de la Santé, M Jose Rodriguez Soldevilla, estime que les relations entre Haïti et la Dominicanie prennent une nouvelle dimension. Les deux pays organise conjointement une grande campagne de vaccination contre la polio, et la rougeole depuis mai 2001. Du côté haïtien, 3 millions d'enfants ont été vaccinés au cours des deux premières phases.

En présence de son homologue haïtien, le responsable dominicain a déclaré: "nous nous unissons pour nos enfants et contre des maladies qui peuvent attaquer la communauté à n'importe quel moment."

Mildred Trouillot Aristide et Dona Rosa Gomez de Mejia, épouses des chefs d'Etat des deux pays conjointement engagés, étaient présentes sur la frontière pour le lancement de cette phase du programme.

Le président Aristide prône la solidarité pacifique et citoyenne contre le banditisme. Le président appelle les Haïtiens à être solidaires pour ne pas être d'éternelles victimes. "Un citoyen ne doit pas avoir peur de porter secours à un voisin en danger" a dit le chef de l'Etat. Il a rappelé qu'en 1991 à son arrivée au pouvoir, cette participation populaire pacifique et citoyenne avait donné de bons résultats.

En effet, en 1991, les secteurs populaires de la population étaient extrêmement motivés. Rappelons-nous le nettoyage bénévole des quartiers, la vigilance active, la capitulation rapide de Roger Lafontant, lors de son coup d'Etat du 6 janvier 1991, face à la mobilisation populaire.

Pourquoi c'est bien différent aujourd'hui? Les lavalassiens d'en bas vous disent qu'ils aiment toujours Aristide, mais qu'ils constatent que leurs problèmes ne sont pas une priorité pour les lavalassiens d'en haut. C'est là un problème critique pour le régime. Ce n'est pas prudent de s'occuper des autres, même de ceux qui bénéficient déjà des faveurs de l'étranger et d'abandonner les secteurs populaires à leur sort.

Il ne s'agit pas de faire des miracles alors que les moyens manquent. Il s'agit d'envoyer des signaux concrets à ceux qui ont autant sinon plus de droits que d'autres d'être entendus, encadrés et aidés. La lutte contre la corruption promise par Aristide devrait se doubler d'une lutte pour les droits sociaux des secteurs populaires. Cette prise en compte suppose l'existence d'une structure appropriée de réflexion et d'action.

 

Semaine du 20 au 26 mai 2002

 

Manifestation pacifique devant l'ambassade des Etats-Unis à Port-au-Prince organisée par la Fondation 30 septembre, le 22 mai 2002, pour réclamer la levée des sanctions économiques contre Haïti.

Plusieurs centaines de millions de dollars de prêts et de dons sont arbitrairement gelés par les organismes internationaux, en raison d'une divergence entre Orlando Marville de la mission d'observation de l'OEA et le Conseil Electoral Haïtien, sur le mode de comptage du scrutin sénatorial du 21 avril 2000 relatif à l'élection au premier tour de sept (7) sénateurs du parti Fanmi Lavalas.

Observons que l'aide à Haïti était déjà bloquée, depuis 1997, en raison d'une fronde parlementaire contre l'ex-président Préval. Mesurez la souffrance!

Aujourd'hui que la cause des sanctions n'existe plus, les sénateurs mis en cause ayant démissionné, ces sanctions sont maintenues et renforcées par une coalition de puissances qui abusent de leur domination économique sur la planète.

Elles ne se donnent même pas la peine de préciser leurs nouvelles exigences pour relâcher le noeud coulant autour du cou de la nation haïtienne. Elles se contentent de parler abstraitement "d'un accord politique" entre le gouvernement et l'opposition. Ne pourraient-elles pas être plus explicites?

Mr David Lee, chef de la mission spéciale de l'OEA, dit qu'il revient aux Haïtiens de faire des efforts.

Mr Marcel Vanopstal, nouvel ambassadeur de l'Union européenne en Haïti, affirme que la reprise de l'aide européenne est "liée" à un accord politique entre Lavalas et l'opposition.

Mr Frontini Cattivelo, responsable du dossier Caraïbes à Bruxelles (UE), tient le même discours.

Une telle désinvolture serait-elle un modèle international de bonne gouvernance? Pourquoi, quand des esprits formés dans les meilleures écoles se mêlent des affaires d'Haïti, en viennent-ils à reproduire le marronnage haïtien?

Il est ahurissant en tout cas d'encourager des groupes, qui n'ont pas fait leur preuve dans les urnes, ni en 2000, ni en 1990, à confisquer le monopole de la victimité. Les véritables victimes et leurs amis devront s'exprimer eux-mêmes haut et fort.

L'attitude de l'Union européenne s'apparente à de l'entêtement, à l'incapacité de reconnaître des erreurs dénoncées dès le début par ses partenaires des pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique), et dans les résolutions de l'Assemblée parlementaire paritaire à Libreville, en 2001 et en Afrique du Sud, 2002. Aujourd'hui, les conditions sont réunies pour traduire les "sanctionneurs" d'Haïti devant une cour de justice internationale.

L'action de la Fondation 30 septembre est exemplaire. Oui, il faut, par voie de manifestations, de pétitions, de téléphone, de fax, de messages électroniques (e-mail), faire savoir aux pays "sanctionneurs" et surtout à leur opinion publique que ces sanctions sur la misère de pauvres gens innocents sont injustes, inadéquates, contraires au droit et à la morale.

Le secrétariat national de la Commission Justice et Paix, une organisation de l'Eglise catholique accuse la "communauté internationale" et les politiciens d'utiliser la misère du peuple haïtien pour leurs intérêts propres. La Commission s'exprimait dans une note diffusée le 21 mai 2002, dans laquelle elle dénonce la violation des droits économiques, sociaux et culturels des Haïtiens, sous couvert de défendre les droits civils et politiques.

Justice et Paix a bien pointé la politique visant à transformer le peuple haïtien en un peuple de mendiants et de domestiques au service du libéralisme sauvage.

Justice et Paix plaide en faveur d'une entente entre Haïtiens.

Elle indique que les Haïtiens devraient se retrouver autour des véritables problèmes du pays qui sont:

le fossé de plus en plus grand entre riches et pauvres, l'absence de justice, le chômage et la corruption, le manque de transparence et de participation, la dépendance du pays.

Il est en effet urgent de ramener les politiciens à la raison. Pour cela les citoyens responsables et lucides doivent promouvoir un comportement constructif différent du comportement manichéen et destructeur traditionnel. Oser critiquer ce qui va à l'encontre des intérêts du pays, et oser appuyer ce qui va dans le bon sens, quelle que soit l'appartenance partisane des acteurs. Redonner toute sa place au débat tolérant pour permettre à chacun d'être bien informé pour se faire une opinion mieux étayée.

Fin de la grève des médecins résidents de l'HUEH. Les médecins résidents du service d'orthopédie de l'Hôpital de l'Université d'Etat d'Haïti (HUEH) ont levé leur grève déclenchée depuis 29 jours pour réclamer de meilleures conditions de travail.

Leur porte-parole, Eric Edouard, a expliqué qu'il ont décidé de reprendre le travail, pour montrer leur bonne foi et leur souci du sort des malades. Il a indiqué que le matériel disponible est loin de répondre aux revendications des médecins.

Les grévistes ont accepté les promesses des autorités relatives à la commande de nouveaux matériels. Ils souhaitent la mise en place d'un comité de suivi pour assurer l'approvisionnement du plus grand centre hospitalier du pays en médicaments et matériel.Les malades semblent satisfaits de retrouver leurs soignants et leurs soins.

Il y a là un vrai défi pour les autorités, comme pour les professionnels de la santé. Chacune des parties est condamnée à se mettre à la hauteur de ses responsabilités. Sinon la sanction risque d'être amère. Il est bien fini le temps du "ranmase lese grennen".

Les substituts-commissaires du gouvernement aussi cessent leur grève Ils étaient en grève depuis la semaine écoulée pour de meilleures conditions de travail. Toujours le même problème du délabrement des infrastructures. Ils ont reçu des assurances de leur ministre de tutelle que les autorités vont se pencher sur le dossier.

Tout cela est signe de bonne santé démocratique. Ces mauvaises conditions perdurent depuis de longues années. Mais aujourd'hui, avec l'éveil de la conscience démocratique des Haïtiens, cela ne peut plus durer. Cette conscience est le fruit de la lutte des Haïtiens eux-mêmes.

Le gouvernement n'a pas à craindre ces luttes populaires et démocratiques. Au contraire, elles peuvent l'aider à ébranler certaines citadelles de la corruption et de l'indifférence.

Les citoyens en colère ne doivent pas croire que c'est toujours le gouvernement qui porte la responsabilité des dysfonctionnements. C'est le plus souvent le vieux système haïtien qui sévit depuis sou reny "Bannmachwè" et qui a vu passer "lanperè, rwa, prezidan, blanmeriken" et qui se prépare à enterrer "lamondyalizasyon, neyoliberalis, gouvenans etc" si les Haïtiens ne se décident pas eux-mêmes à faire leur entrée dans la modernité.

La société haïtienne, l'Etat haïtien seront réformés par les Haïtiens eux-mêmes, dans la vérité et le respect mutuel. Travaillons dans ce sens.

La Protection civile haïtienne appelle à venir en aide aux victimes des dernières inondations ayant frappé le département du Sud le week-end du 24 au 26 mai 2002.

Outre les nombreuses victimes humaines, les averses ont tué des milliers de têtes de bétail et détruit une importante quantité de plantations agricoles . La Protection civile haïtienne a sollicité une enveloppe de 4 millions de gourdes pour couvrir les besoins immédiats des sinistrés, notamment dans la préparation des funérailles des personnes décédées et la reconstruction des maisons endommagées .

Ces inondations ont fait au moins 14 morts et des dégâts matériels considérables. 18 personnes seraient portées disparues.

L'une des communes les plus touchés est celle de Camp-Perrin avec une quinzaine de maisons détruites et une cinquantaine d'autres endommagées dans le quartier de Bas Camp où au moins trois personnes ont trouvé la mort.

D'autres sources avancent le chiffre de 14 tuées. Yolène Suréna, directrice de la Protection civile, a fait savoir que plusieurs autres communes du département du Sud dont Chantal, Arniquet et Saint-Jean du Sud sont jusqu'ici inaccessibles en raison des inondations.

Des efforts seront déployés pour tenter d'atteindre ces zones en vue d'acheminer aux victimes l'assistance du gouvernement, a ajouté Mme Suréna.

57 maisons sont endommagées dans la commune des Baradères, alors que le système d'adduction d'eau potable de Petit-Trou de Nippes est complètement détruit. Les communes de l'Azile et de l'Anse-à-Veau seraient également coupées du reste du pays.

Comme d'habitude, les différentes branches de l'administration promettent de prendre des mesures.

Tel député prône le lancement d'une campagne systématique de reboisement et le curage des rivières pour éviter la répétition de telles catastrophes.

Le Ministère des Travaux Publics Transport et Communication (TPTC) travaille activement à la remise en fonction des principales voies de communication de ces régions.

Des enquêtes auraient été ouvertes par le ministère de l'agriculture en vue d'apporter une réponse urgente aux agriculteurs dont les plantations sont complètement détruites.

Comme d'habitude on invite les organisations internationales et non gouvernementales à déterminer la forme d'assistance à accorder aux victimes. L'OEA a contribué à hauteur de 20.000 dollars U.S., le même montant que Haïti vient de verser pour financer la mission de l'OEA.

Ces inondations sont un modeste aperçu des malheurs qui peuvent frapper le peuple haïtien abandonné à lui-même, sans protection avec sa misère, ses maladies, son analphabétisme, son impuissance face aux éléments déchaînés.

Messieurs les politiciens, vous pouvez faire tous vos ronds de jambe dans les réceptions diplomatiques. Vous resterez toujours les enfants d'une nation qui a raté son entrée dans l'histoire. Et le monde entier le sait! On intéresse le monde qu'en tant que laboratoire. Le prétendu "accord politique" qui ne dit pas son nom, et qui aurait la vertu magique de régler les affaires du peuple haïtien, n'est que chimère. L'accord nécessaire c'est celui pour la reconstruction de la maison commune. Il n'est pas besoin de tous ces salamalecs pour comprendre qu'il y a urgence.

L'union des Haïtiens comme citoyens d'une même nation, consciente de sa destinée commune, n'a jamais été faite. Elle ne se fera pas d'un coup, sur le papier, ou dans une embrassade générale. Elle se fera, comme disait M. Schuman parlant de l'Europe, en 1950, par des réalisations concrètes créant une solidarité de fait.

Ainsi, au lieu d'aider les politiciens à détruire le pays ou à le regarder mourir, il serait souhaitable que les acteurs internationaux les encouragent ou les poussent à utiliser leurs capacités contre les fléaux qui déshumanisent leur nation. Confier aux gens du travail utile. On pourrait alors juger sur des résultats concrets. Sinon le marronnage a encore de beaux jours devant lui.

 

Semaine du 13 au 19 mai 2002

Le président Aristide au sommet de l'UE/ALC (Union Européenne/Amérique Latine et Caraïbe) - Jean-Bertrand Aristide a participé, à Madrid, les 16 et 17 mai 2002, au sommet des 48 chefs d'Etat et de gouvernement des deux mondes. Responsable des sanctions injustifiées infligées au peuple haïtien depuis février 2001, L'Union Européenne aurait "renouvelé son désir de reprendre la coopération avec Haïti une fois résolue la crise politique vieille de deux ans". Dans sa déclaration finale, le 17 mai, le Sommet lance un "appel à toutes les parties impliquées dans la crise politique en Haïti afin qu'elles accroissent leurs efforts pour renforcer la démocratie". Robert Ménard, de Reporters sans frontières, n'a pas manqué d'aller jouer la mouche du coche en demandant aux Européens de rajouter des sanctions contre l'Etat haïtien.

Le plus curieux dans l'attitude des Européens c'est qu'ils ignorent les efforts du gouvernement haïtien dans le sens qu'ils ont eux-mêmes souhaité. Ils avaient en effet repris à leur compte l'objection d'un observateur de l'OEA contre l'élection, dès le premier tour, de 7 ou 8 sénateurs aux législatives haïtiennes, du 21 avril 2000. Or depuis plusieurs mois, ces sénateurs ont accepté de démissionner et le gouvernement haïtien a proposé des élections anticipées aux niveaux parlementaire et local. Il serait bon que l'UE clarifie sa position, révèle la solution qu'elle recommande.

L'Organisation des Etats Américains (OEA) n'est pas plus lumineuse sur le dossier haïtien. Le numéro 2 de l'OEA, Mr Luigi Einaudi, a terminé, le 15 mai, sa visite de 72 heures à Port-au-Prince. Il a reconnu l'absence de résultats, après deux (2) années et 24 missions. Au moins 4 commissions sont à l'oeuvre : la commission d'enquête, la commission de réparation, la commission technique, la commission interaméricaine des droits de l'homme.

Le secrétaire général adjoint a annoncé que le 22 mai César Gaviria, S.G. de l'OEA, présentera le rapport numéro 1 sur Haïti; le 4 juin une assemblée générale se tiendra à la Barbade avec Haïti au centre des débats; le 10 juin lui-même retournera en Haïti pour reprendre les négociations.

Le représentant de l'OEA reconnait que tous les protagonistes, même l'OEA, pratiquent le marronage (fuite devant les responsabilités). La position de chacun semble pourtant claire. Le gouvernement demande la levée des sanctions internationales en échange de la démission des sénateurs contestés et de l'organisation d'élections anticipées. La Convergence demande le renforcement de l'embargo étranger jusqu'au "déboulonnage" du régime lavalas.

L'OEA, comme l'UE, ne dit pas ce qu'elle recommande. Elles disent que les "protagonistes" doivent trouver un accord politique. C'est tout bonnement se laver les mains à bon compte.

A quoi bon trouver un accord puisque la crise semble être un business lucratif. Seul le peuple innocent d'Haïti en souffre.

Les avocats haïtiens, le système judiciaire, les cours pénales internationales - La corporation des avocats a commémoré la Saint Yves patron de la profession. Plusieurs conférences ont été prononcées à cette occasion sur des sujets relatifs au fonctionnement du système judiciaire haitien, et à sa conformité aux conventions internationales ratifiées par Haïti.

Me Jean Joseph Exumé est intervenu sur le thème " Haïti dans le système interaméricain de défense et de protection des droits humains."

Se référant au problème de la corruption des juges, il déclare "qu'il n'y a pas de corrompus sans corrupteurs". Il critique également les manipulations honteuses du droit dans le traitement des dossiers de complot contre la sûreté de l'Etat. Il dénonce les abus commis par les commissaires du gouvernement et les juges de paix qui dépassent l'entendement humain. Me Exumé demande "que le pouvoir judiciaire cesse de subir le corset du pouvoir exécutif."

Vu l'état du système judiciaire haïtien, et les rapports entre les pouvoirs officiels et non-officiels en Haïti depuis toujours, il n'est pas difficile de partager les observations de Me Exumé. Mais par quel bout prendre le problème? Par quel bout fumer le cigare? Comment distinguer la juste revendication démocratique de l'expression de la vengeance personnelle? Je dirais qu'il faut le prendre par le bout de la vérité. Or notre société est devenue folle et cultive peu la patience et la modestie pour chercher la vérité. Il appartient à ceux qui connaissent la force du courage intellectuel et moral de se concerter pour aller à contre-courant.

Un autre juriste haïtien, Me Denis Régis a présenté un exposé sur "Les juridictions internationales, un instrument de protection et de défense des droits humains". Il a fait l'historique de ces juridictions, présenté leurs fondements juridiques, leurs compétences par rapport aux ordres judiciaires nationaux. S'agissant des vantardises de Robert Ménard, devant de jeunes journalistes haïtiens, sur son pouvoir de "traîner" devant la Cour pénale des chefs d'Etat qui ne plairaient pas à son association, Me Régis les a jugées, comme nous,"fantaisistes".

Un juriste rwandais, Me Alphonse D. Nkunzimana, était invité à parler de "La Cour pénale internationale et l'importance de la ratification de son statut par Haïti".

Le conférencier, qui est officier de liaison des ONGs pour la CPI, souhaite la ratification du statut de Rome par Haïti.

Me Nkunzimana étaie son souhait par des arguments comme ceux-ci: l'éventualité de violences politiques, comme les massacres au Rwanda qui auraient pu être évités si cette cour avait existé, et le risque pour Haïti de faire cavalier seul et d'être privé du droit de vote. Cette vision optimiste n'est pas corroborée par les événements qui se déroulent actuellement sur les différents champs de bataille et de massacre dans le monde.

D'autre part un pays qui retarde sa décision ne risque pas grand chose. Il sera en compagnie des Etats-Unis d'Amérique. Washington a fait savoir qu'il ne participerait pas à la mise en place de la CPI, qui deviendra effective au 1er juillet, car il redoute que ses militaires ne soient inculpés pour de mauvaises raisons.

L'administration Bush a envoyé un courrier, le 6 mai 2002, au secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, pour l'avertir de cette décision qui signifie que Washington se réserve le droit de passer outre aux ordres de la CPI.

"This is to inform you, in connection with the Rome Statute of the International Criminal Court adopted on July 17, 1998, that the United States does not intend to become a party to the treaty. Accordingly, the United States has no legal obligations arising from its signature on December 31, 2000. The United States requests that its intention not to become a party, as expressed in this letter, be reflected in the depositary's status lists relating to this treaty."

De son côté la France, en ratifiant le statut exprime ses réserves comme suit :

Declaration under article 124:

Pursuant to article 124 of the Statute of the International Criminal Court, the French Republic declares that it does not accept the jurisdiction of the Court with respect to the category of crimes referred to in article 8 when a crime is alleged to have been committed by its nationals or on its territory.

En fait, à ce jour, une soixantaine de pays ont ratifié le statut. Parmi les Etats qui ne l'ont pas encore fait, citons quelques uns :

(Australie, Bahamas, Barbados, Bolivia, Brésil, Chili, Colombie, République Dominicaine, Honduras, Israel, Jamaïque, Mexique, Monaco, Maroc, Philippines, Russie, Uruguay, Burundi etc)

Parlementaires, lois, Cayes-Jacmel, Hôpital Général, grève, quartiers populaires, gangs - Madame Deverson, Ministre du tourisme a prié les sénateurs haïtiens de voter le code d'investissement déposé depuis plusieurs mois au parlement. "On ne peut pas faire la promotion de l'investissement dans un pays, sans un code d'investissement". C'est l'évidence même! Nous rappelons seulement que trois (3) législatures se sont succédé de 1991 à ce jour (les 45°, 46° et 47°), sans que les grandes lois de rupture avec le passé, attendues depuis 1987, aient été votées.

On attend, ces jours-ci, le vote de douze projets de lois soumis aux parlementaires convoqués en session extraordinaire depuis plusieurs mois. Ce serait désespérant que la 47 ° législature se comporte comme ses devancières.!

Des incidents sanglants ont éclaté à Cayes-Jacmel dans la nuit du 12 au 13 mai . Plusieurs personnalités connues s'y trouvent mêlées, le sénateur Sonson, son agent de sécurité qui a été tué, d'autres élus du Sud-Ouest etc. Les sénateurs Gérard Gilles, Lans Clonès ont réclamé une commission d'enquête. Du temps perdu pour le travail parlementaire.

Pendant ce temps les affrontements continuent dans les quartiers populaires. Des gangs armés se disputent le contrôle de territoires, comme le marché "Tête Boeuf", le marché de la "Croix-des-Bossales" laissant des morts et des blessés sur leur passage.

Ce regain du gangstérisme, qui rappelle les temps héroïques des maffias américaines des années 30, a ému différents secteurs de la société. Le président de la République a décidé une campagne de désarmement en utilisant la formule "armes contre argent". Mr Paultre de l'ISC, Mr Lespérance de NCHR, le député Rommage, Mr Lovinsky Pierre Antoine de Fondation 30 septembre, soutiennent cette formule. Même Mr Einaudi lui-même s'est prononcé sur le sujet. Il a dit :"Ce ne doit pas être un désarmement sectaire ou mené de façon partisane. On ne doit pas démunir un groupe pour en pourvoir un autre".

Il faut encourager les autorités à contenir l'activité des gangs. Mais un véritable contrôle de la situation ne sera possible qu'avec le retour de l'autorité de l'Etat et la promotion de nouveaux standards de réussite aux yeux de la jeunesse populaire, comme ce fut le cas aux USA. Etudes, formation, emploi, création d'entreprises. D'autres moyens de gagner de l'argent.

Sur les réparations - Toujours à propos d'argent à verser à certaines personnes- L'OEA a suscité la création d'une Commission des réparations pour évaluer les dégâts consécutifs à la tentative de coup d'Etat du 17 décembre et des représailles exercées par des manifestants favorables au gouvernement. Il s'agit pour l'OEA d'apaiser les tensions par une distribution d'argent à certaines victimes. Cette mesure peut se révéler injuste et discriminatoire par rapport à des milliers de victimes des violences courantes en Haïti, et dont personne ne se soucie.

Le pays attend une solution de fond qui prenne en compte les problèmes des plus malheureux, par la mise en oeuvre de programmes lisibles. Les acteurs internationaux tournent en rond et se livrent à des expériences douloureuses pour la population haïtienne. Une durée limite devrait être fixée pour régler un problème qui met en jeu le sort de millions d'hommes.

La grève des médecins de l'Hôpital de l'Université d'Etat d'Haïti (HUEH) se poursuit depuis le 23 avril pour exiger de meilleures conditions de travail au sein de l'hôpital.Ce mouvement est un moyen de réclamer le matériel nécessaire pour soigner les malades. Pendant ce temps, la situation sanitaire des malades, livrés à eux-mêmes, s'aggrave chaque jour. La grève prend de l'ampleur à l'hôpital général. Toutes les autres sections ont apporté leur soutien aux médecins résidents qui réclament l'amélioration des conditions de travail pour mieux soigner les malades. Les responsables du Ministère de la santé publique ont promis de faire l'acquisition d'équipements et de matériels appropriés.

Vendredi 17 mai Journée Nationale des enseignants. A cette occasion, le ministre de l'éducation nationale a reconnu les mauvaises conditions dans lesquelles travaillent ces professionnels.

De leur côté, les porte-parole des universitaires haïtiens ont critiqué la structure du système éducatif du pays qui, depuis plusieurs années, ne dispense plus un enseignement adéquat. Selon eux, l'éducation des jeunes devrait être l'une des priorités du gouvernement actuel.

" Comment ne pas s'interroger sur la place qui nous est réservée dans la structure actuelle ou ne pas remettre en question la structure elle-même quand les jeunes et l'éducation ne sont pas dans le cahier des priorités ? "

Ils ont également souligné la nécessité d'une réforme au niveau de l'éducation des jeunes, en particulier dans l'espace universitaire, parce que la détérioration de l'enseignement public est intolérable. Les universitaires ne veulent pas revenir sur les crises précédentes qui ont secoué l'Université d'Etat d'Haïti depuis 1986, mais pour eux l'important, c'est de remédier sans plus tarder à la détérioration actuelle.

" Il est peut-être très tard, mais pas trop tard pour résoudre les conflits entre Haïtiens ",

Toute cette misère, notamment du système de santé, du système éducatif, et de tous les systèmes sociaux du pays, montre l'urgence de la réforme de l'Etat et de l'administration. Cette réforme peut être imposée par les luttes démocratiques des professionnels de la santé et de l'éducation, soutenues par tous les gens de bonne volonté. Il est indiscutable que l'Etat et l'administration, en Haïti, n'ont jamais rempli sérieusement les missions pour lesquelles les élus et les fonctionnaires sont payés.

Il faut travailler à les réformer par des luttes démocratiques dont les objectifs seront étudiés, définis et annoncés. Ainsi elles susciteront l'adhésion unitaire des citoyens et aideront à construire , dans l'action et la réflexion, une unité de volonté au sein de la société.

La subversion politique permanente n'est pas une bonne politique dans la situation actuelle. L'Etat doit être traité en partenaire de la nouvelle culture de négociation à instaurer. Il faut s'efforcer de sortir du cercle vicieux des vendettas personnelles, où les principes politiques servent d'alibi à des jeux personnels, où le sort de la population est totalement oublié.

Mais enfin, c'est en prenant le pays dans l'état où il est qu'on peut le réformer. Et son état n'est pas brillant. Deux cents ans de corruption, de violences, d'ignorance, ne vont pas disparaître du jour an lendemain. Ceux qui sont aujourd'hui out sont-ils vraiment différents de ceux qui sont in? Allons-nous vraiment trouver la tranquillité et le bonheur avec le départ de ce président? N'est-il pas temps d'emprunter un autre chemin de pensée et d'action hors de nos sentiers battus?

Semaine du 6 au 12 mai 2002

Des étudiants haïtiens manifestent contre leurs conditions de travail. L' Association Nationale des Etudiants Haïtiens (ANEH) annonce une marche dans les rues de Port-au-Prince contre les conditions de travail dans les facultés. Les étudiants dénoncent la "politique d'exclusion" de l'Etat à leur encontre. Le secrétaire général de l'ANEH, Ricard Pierre, déclare qu'il n'existe aucune politique pour le renforcement de l'université et que bon nombre d'étudiants ne pensent qu'à laisser le pays.

Les universitaires comptent attirer l'attention des pouvoirs publics sur le dénuement des facultés, en défilant, pieds nus, le 18 mai, pancartes en main, dans les rues de la capitale. C'est le droit et même le devoir des universitaires de défendre les intérêts des universités.

La dégradation du système d'éducation s'est accélérée sous le régime des duvalier. La "crise" ouverte de 1986 à ce jour, avec la longue transition militariste de 1986 à 1990, le coup d'Etat de Cédras 1991-1994 et l'embargo international, l'occupation étrangère 1994-, le blocage parlementaire des financements étrangers 1997-2001, les sanctions économiques internationales 2000-2002, n'a pas laissé à l'Etat haïtien la moindre chance de démontrer sa bonne ou sa mauvaise volonté. Le pays est partout en ruines et le monde l'utilise comme le laboratoire idéal d'un nouvel ordre mondial.

Encore une fois, si on veut guérir le malade, pas d'erreur de diagnostic!

Des avocats du barreau de Port-au-Prince se mettent en grève - Le président du Conseil des avocats de Port-au-Prince, Me Rigaud Duplan, a justifié ce mouvement en indiquant que les avocats font l'objet de menaces de mort et ne sont pas en sécurité. Ce qui les empêche de faire leur travail. Selon l'AHP du 7 mai 2002, Me Duplan a indiqué que plus d'une dizaine d'avocats ont été assassinés au cours de ces quinze dernières années. La plupart de ces avocats dont Me Lafontant Joseph, le ministre de la Justice Guy Malary, Me Charles Jean-Baptiste, ont été tués sous le régime des duvalier, sous le Conseil National de Gouvernement, ou pendant la période de coup d'Etat militaire, précise la même dépêche.

Me Mario Joseph, avocat militant des droits de l'homme, estime que les grévistes n'ont pas dit les objectifs précis de leur mouvement qui vise des intérêts obscurs et partisans. Me Joseph estime que les grévistes devraient plutôt prendre le temps de se pencher sur la question de l'éthique professionnelle, en vue de rendre à la profession d'avocats toute sa dignité.

Un autre avocat, Me Jean-Claude Nord, estime que l'arrêt de travail de certains avocats du barreau de Port-au-Prince est un acte politique. Me Nord dénonce le caractère unilatéral de cette décision, estimant que le Conseil aurait dû convoquer tous ses membres en assemblée générale pour en décider. Il accuse le bâtonnier de vouloir régler des affires personnelles à travers ce mouvement.

Lovinsky Pierre Antoine, coordonnateur de la Fondation 30 septembre, a qualifié cette grève d'hypocrite. D'après lui, les avocats, travaillant au sein de l'amicale des juristes, n'ont aucune moralité pour dénoncer la corruption au sein de l'appareil judiciaire. Il affirme que "l'Institution étrangère", qui finance cette amicale, est la même qui a financé le boycott de la réforme judiciaire haïtienne, à travers un repris de justice américain.

Colin Powell est déçu des progrès insuffisants réalisés par Haïti sur les plans politique et économiques depuis le retour du président Aristide.-Le Secrétaire d'Etat des Etats-Unis d'Amérique, Colin Powell, a déclaré, le 6 mai dernier, que très peu de progrès a été réalisé dans les domaines politique et économique par le gouvernement du président Aristide. D'après le ministre des affaires étrangères américain, l'administration haïtienne est loin de favoriser un environnement démocratique marqué par une compétition politique qui pourrait rendre possible le développement économique et le respect des droits humains.

C'est là un jugement sévère et une posture très peu amicale. Où donc veut en venir l'Amérique? On note que tous les efforts du président haïtien pour débloquer la situation sont systématiquement ignorés. L'accord en huit points avec Bill Clinton, avant son départ de la Maison Blanche, enterré. La démission des sénateurs haïtiens nouvellement élus, la proposition d'élections anticipées, ignorées. La tolérance de toutes sortes de groupes et d'individus, venus de partout, semer le pagaille dans le fonctionnement des pouvoirs publics en Haïti, tout cela méprisé.

Plus grave, exiger des performances économiques à un pays maintenu la tête sous l'eau par des sanctions internationales concertées, n'est-ce pas une plaisanterie du même goût que de demander à un paralytique de se lever pour courir le marathon.

Des officiels haïtiens ont réagi à la prestation de M. Powell. Le ministre haïtien des finances, Faubert Gustave indique que Colin Powell s'est trompé en intervenant sur le dossier économique haïtien. Le premier ministre, Yvon Neptune estime que Colin Powell peut avoir sa lecture sur la situation de la démocratie en Haïti mais que le peuple haïtien est le seul juge.

Je suis prêt à parier que des ténors de "l'opposition", si ce n'est déjà fait, vont applaudir des deux mains le secrétaire d'Etat, et stigmatiser l'étroitesse nationaliste du gouvernement lavalas qui ne pige rien au nouvel ordre mondial.

 

mai 2002.

La tuberculose est la deuxième cause de mortalité en Haïti, après le Sida (Docteur William Pape, directeur des centres GHESKIO)

Une clinique Pré et Post Natale pour la prévention des grossesses à risque et un laboratoire de référence pour la surveillance de la tuberculose ont été inaugurés au local des centres GHESKIO (Groupe Haïtien d'Etudes du Sarcome de Kaposi et des Infections Opportunistes) à Port-au-Prince, rapporte l'agence haïtienne de presse, 22 mai 2002.

Les deux projets sont soutenus financièrement par le Japon.Etaient présents à l'inauguration, Madame Mildred Trouillot Aristide, le chargé d'affaires du Japon Kanji Kitazawa et le Directeur des centres GHIESKO, le Docteur William Pape.

Le Docteur Pape a expliqué que l'inauguration de la clinique et du laboratoire permettra aux centres GHESKIO de répondre aux demandes de plus en plus importantes et de plus en plus diversifiées. Rappelant que la tuberculose est la deuxième cause de mortalité en Haïti après le Sida, le Docteur Pape a affirmé la nécessité de mettre en place de nouvelles structures permettant d'offrir des soins spécialisés aux femmes infectées par le VIH et à leurs enfants.

William Pape souligne que ce nouveau laboratoire est le seul capable de pratiquer la culture des micro-bactéries en Haïti, d'identifier les souches et d'en déterminer la sensibilité au traitement.

Des resto-alpha dans les centres d'aplhabétisation Eudes Saint-Preux Craan, Ministre des Affaires sociales, annonce l'ouverture d'un certain nombre de restaurants dans les centres d'alphabétisation de la région métropolitaine de Port-au-Prince. Ces restaurants seront financés en partie par l'Etat pour l'achat de produits alimentaires.

Les responsables des classes alpha promettent de rechercher de l'aide pour l'acquisition d'ustensiles de cuisine et de main-d'oeuvre. Ces restaurants doivent permettre aux 1327 participants du centre alpha de Port-au-Prince de bénéficier d'un repas chaud par jour au prix de 5 gourdes, a déclaré Mme Saint-Preux, ajoutant que les participants pourront également participer à la gestion des restaurants.

Nous nous joignons aux participants des centres alpha pour solliciter une contribution substantielle pour l'équipement de ces restaurants, en vue de soutenir l'effort de la population à sortir de l'anaphabétisme. Ce n'est pas de la charité, c'est une pierre pour la démocratie.

 

février 2002

Le taux de mortalité infantile en augmentation

(colère du docteur Large contre la classe politique)

 

Le taux de mortalité infantile en Haïti a atteint la barre des 83 pour mille, selon le dernier rapport ( EMMUS III-2000). Ce chiffre qui était de 74 pour mille en 1995 est le plus élevé de l'Amérique latine et des Caraïbes. D'après le rapport du groupe santé du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) de mars 2000, 138.000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque année en Haïti. 40% de ces décès survenus à l'Hôpital de l'Université d'État d'Haïti (HUEH) proviennent du service de pédiatrie.

Dans ce tableau de 25 pays, Haïti est suivie de la Guyane avec 56 pour mille, le Guatemala 45 pour mille, la République Dominicaine 43 pour mille, le Nicaragua 38 pour mille. Cuba est le mieux placé avec un taux de mortalité infantile estimé à 6 pour mille.

Les trois causes majeures de mortalité des enfants âgés de moins de 5 ans en Haïti sont la diarrhée, la malnutrition et les infections respiratoires aiguës. Dans une interview à l'AHP, le docteur Frantz Large a fait savoir qu'il y a des causes structurelles qui expliquent un taux si élevé de mortalité infantile.

Au nombre de ces causes, il cite les problèmes économiques qui sont directement liés, dit-il, aux facteurs politiques. Selon le docteur Large, la classe politique qui n'a pas un problème de pain quotidien retient toute une population en otage. " Il est inacceptable qu'une crise politique prenne en otage les enfants haïtiens qui même quand ils ne meurent pas de malnutrition et de diarrhée, n'auront pas la capacité intellectuelle d'affronter la compétition du nouveau millénaire", s'indigne le médecin qui appelle au déblocage d'une aide d'urgence en faveur de la population nécessiteuse. Il a souligné qu'en aucun cas on ne doit pénaliser les enfants haïtiens. Et les hommes politiques haïtiens devront comprendre que le peuple haïtien doit toujours passer au premier plan, a-t-il encore ajouté. (AHP 27 février 2002)

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